Constructions de l’histoire

Jérôme Ruby, , Nicolas Dufour-Laperrière, Pierre Durette,

17 janvier - 14 février 2015

La Galerie Trois Points est heureuse de présenter Constructions de l’histoire, une exposition collective réunissant le travail de Sylvain Bouthillette, Nicolas Dufour-Laperrière, Pierre Durette, Milutin Gubash et Jérôme Ruby du 17 janvier au 14 février 2015. Invitant à réfléchir aux aléas de l’histoire et la manière dont elle se construit, l’exposition offre au regard la singularité de chacun de ces artistes qui abordent notamment les notions de pouvoir, de spiritualité et de mémoire.

Constructions de l’histoire présente des œuvres qui agissent tel un contrepoids face aux pouvoirs en place, une réflexion sur la résistance et l’oppression, qu’elle soit de nature politique ou religieuse. Nous éclairant sur la manière dont les identités personnelles et collectives se construisent, les œuvres choisies exhibent la « vérité d’un temps refoulé de l’histoire », comme le disait Didi-Huberman ; elles révèlent l’aspect monolithique et quasi impénétrable des mythes qui nous façonnent en proposant une manière plus plurielle de représenter l’histoire.

Chez Pierre Durette, c’est à coups d’anachronismes que le récit historique se bâtit, l’artiste illustrant des lieux abstraits qui semblent être en état de siège alors que se voisinent autobus scolaires et potences. Faisant écho aux compositions de Bruegel l’Ancien, Pierre Durette dessine sur la surface du papier une multitude de petits personnages qui empruntent à la fois au monde de l’enfance et de l’épique, y casant des guérillas improbables par l’accumulation de détails tirés d’une imagerie militaire ayant évolué au fil du temps.

Inspiré de la fondation de la ville de New York, le triptyque de Jérôme Ruby évoque quant à lui la lutte des pouvoirs en place à travers une multitude de symboles et de références à l’histoire de l’art – reprenant notamment la pose du Penseur de Rodin ou encore celle de l’Héraklès archer de Bourdelle, qui incarnent raison et force. La tension entre les figures de l’Amérindien et du colonisateur évoque les rapports de force alors en jeu, offrant un commentaire sur la construction d’un récit par l’histoire des vainqueurs.

Milutin Gubash joue sur le potentiel ambigu des images alors qu’on peut difficilement en mesurer pleinement le degré de construction. L’œuvre présentée s’inscrit dans la série Who Will Will Our Will qui s’intéresse aux monuments yougoslaves commandés par Tito, instruments de propagande à la gloire du régime qui sont aujourd’hui laissés à l’abandon. Gubash magnifie ces imposantes structures qui ont perdu leur signifiant historique avec les changements politiques, les montrant grandioses, ouvertes à un tout nouveau potentiel de sens.

Les œuvres de Sylvain Bouthillette présentées dans le cadre de cette exposition questionnent les tensions entre l’individu et la société, s’attardant aux notions de foi et de résilience. Il souligne notre rapport à la spiritualité et l’absurdité des relations de pouvoir. C’est la quête d’une paix intérieure qui anime ce travail de Bouthillette, s’articulant autant dans les œuvres plus fortement chargées politiquement que dans ses représentations de personnages religieux importants tels que Saint Jude et le Frère André.

Ce rapport à la religion est au cœur des œuvres de Nicolas Dufour-Laperrière que nous présentons. Tirées de la série Théorie des corps, les photographies explorent le monde des jésuites dans une réflexion sur le temps et la mémoire de collectivités complexes – celle d’hommes anciennement puissants, d’un univers singulier et extérieur à notre quotidien laïc. Le jeune photographe s’intéresse au contexte sociopolitique actuel, tendu entre une perte de sens et de confiance, les difficultés identitaires de sociétés en redéfinition et leur quête d’un projet collectif à réactualiser, choisissant de réfléchir à ce qui fût afin de projeter ce qui sera. 

Communiqué de presse