Filigranes en mille temps
14 janvier - 4 mars 2017
















La Galerie Trois Points est particulièrement heureuse de présenter l’exposition Filigranes en mille temps, le fruit d’une rencontre bien improbable regroupant des œuvres d’artistes de la galerie et celles de grands maîtres européens.
Deux femmes, deux générations, deux parcours, l’une très attachée au passé, l’autre résolument ancrée dans le présent, mais une même passion : l’art. Émilie Grandmont-Bérubé, directrice de la Galerie Trois Points, croise le regard aiguisé de Jan Johnson, passionnée d’estampes de maîtres anciens. Au fil de leurs discussions émergent des sensibilités, des réflexions et des questionnements communs qui, visiblement, transcendent les époques. De cette découverte jaillit alors le projet audacieux de présenter en parallèle des œuvres d’artistes de la galerie et des gravures de grands maîtres européens, produites entre les 15e et 20e siècles.
Le rapport à l’art se conçoit dans le dialogue : celui, parfois très intime, entre notre regard et l’œuvre d’art, mais aussi entre les œuvres elles-mêmes ou encore entre les artistes. L’art contemporain permet de confronter notre interprétation personnelle des œuvres avec celle que leur prêtent leurs auteurs. Pouvoir ainsi échanger directement avec les artistes est un grand privilège.
Peu importe les siècles, l’artiste – comme tout humain – est porté par la même quête de sens : l’amour, la perte, le vide, la solitude, la conscience aigüe que le temps qui passe est à jamais perdu… C’est dans cette quête essentiellement humaine que se rejoignent les œuvres que nous avons ici réunies, dans ce désir de se mesurer à l’espace qui nous entoure, à la société dans laquelle on s’inscrit et qui évolue à coup de transformations et de mutilations, dans ce désir de défier la mort et de rendre vibrant l’héritage qui nous a été laissé.
Devant des œuvres créées des siècles plus tôt, notre regard change : il faut nous projeter dans un autre espace-temps, quand les heures coulaient plus lentement, que les rencontres pouvaient s’étirer, quand l’idée même de voir nos vies entières régies par de minuscules petites boites électroniques tenait d’une science-fiction… qui n’existait pas encore. L’exposition Filigranes en mille temps offre à des œuvres du passé l’occasion de dialoguer librement avec des œuvres d’aujourd’hui. La rêverie dans le regard de l’enfant chez Besnard faisant écho à un désir de créer et mesurer l’espace chez Clint Griffin, alors que les caractères laissés sur un drap par la grand-mère mourante d’Olga Chagaoutdinova jettent une nouvelle lumière sur l’ossuaire de Piranesi.
La peinture, la vidéo, la photographie et la gravure s’entremêlent dans une quête artistique particulièrement actuelle. Les œuvres de Olga Chagaoutdinova, Clint Griffin, Milutin Gubash, Anne-Renée Hotte et Olivia McGilchrist côtoient avec bonheur les Albert Besnard (1849-1934), William Blake (1757-1827), Cornelis Cort (c.1533-1578), Max Klinger (1857-1920), Carl Wilhelm Kolbe (1759-1835), Wilhelm Laage (1868-1930), Giovanni Battista Piranesi (1720-1778), Marco Ricci (1676-1729) et John Raphael Smith (1752-1812). Leurs œuvres se déploient, s’associent en de nouveaux arcs narratifs et nous offrent une autre lecture, jamais figée, continuellement en mouvance.