Long Way Gone
5 novembre - 23 décembre 2016





























Récipiendaire du prestigieux Studio du Québec à Paris, Milutin Gubash y complète actuellement une résidence de six mois grâce au support du Conseil des arts et des lettres du Québec. C’est entre autre pour explorer les questions de présence et d’absence que nous avons choisi de présenter une exposition de l’artiste alors même qu’il se trouve de l’autre côté de l’Atlantique.
Sa fascination pour l’étrange et l’occulte s’incarne de manière plus tangible que jamais dans l’exposition actuelle. En effet, isolé au milieu du grand espace vide de la galerie repose sur un socle un simple réceptacle contenant l’âme de l’artiste qu’une sorcière parisienne a encapsulé à sa demande. Superstition, croyance, foi… Gubash place ici le visiteur devant ses propres valeurs et son désir de croire en cette mystérieuse transsubstantiation qui opère dans toute oeuvre d’art. Une part de l’esprit de l’artiste est-elle vraiment enfermée dans ce simple vase ? La réponse dépend de chacun et la question de la valeur accordée aux objets créés par les artistes demeure plus difficile à évaluer.
Le rapport toujours très malléable entre la réalité et la fiction, entre le vrai et le faux, est central à la pratique de Gubash. Ces frontières sont d’autant plus ténues qu’il choisit volontairement de travailler à partir de médiums et technologies relativement communs et accessibles, s’éloignant de la noblesse du matériau souvent utilisé en art. Il s’intéresse à ramener notre regard sur ce qu’il a ignoré, magnifiant par la vidéo ou la photographie les monuments abandonnés ou des sculptures de papier d’aluminium qui émulent les contours lointains de bâtiments appartenant à l’ancienne expérimentation socialiste de son pays d’origine. La prise de vue et l’éclairage dramatique des images confèrent à ces petits objets un aspect presque sordide, une allure triomphante, voire menaçante.
La seconde salle d’exposition témoigne de la pratique récente de Gubash, qui poursuit sa réflexion sur la tension entre l’idéal universel, l’intime, le futile et les éléments communs qui les traversent. Ses nouvelles oeuvres – vidéo, photographies, dessins, sculptures – mettent toutes en lumière cette profonde quête de sens. Ce choeur de figures anthropomorphiques exprime un profond désir de définir une identité toujours fuyante. Quels corps sont ici présentés, remémorés, célébrés, oubliés ?
Transdisciplinaire, la pratique de Gubash cumule les référents et exploite différents médiums. Il déjoue les perceptions et fait éclater les notions de temps et d’espace : le passé et le présent se mêlent à un futur fantasmé, peuplé de références culturelles – réelles ou imaginées – issues de toutes les époques. Avec un sens aigu de l’autodérision et beaucoup d’humilité, Gubash choisit d’utiliser sa propre existence comme matériau primaire de plusieurs oeuvres. En se plaçant ainsi lui-même en état de vulnérabilité face à notre regard, il ajoute encore de l’authenticité à sa quête identitaire et nous propose peut-être de réfléchir à nos propres travers, questionnements et contradictions.