Ordinary Folk
29 août - 3 octobre 2015













Nous sommes ravis de présenter notre première exposition solo de l’artiste renommé et établi Milutin Gubash qui se tiendra du 29 août au 5 octobre 2015. Rassemblant photographie, sculpture et installation, Ordinary folk appuie le désir de l’artiste d’aborder les questions d’authenticité et de perception de l’identité culturelle, politique et sociale. Entrelaçant sans cesse les faits et la fiction, le passé et le présent, l’idéalisation et rigueur historique, Gubash met en lumière les contradictions inhérentes à notre capacité de construire une identité.
Bien que passionnément ancré dans le passé, le travail de Milutin Gubash est fortement orienté vers une réflexion sur l’avenir. Les imposantes photographies tirées de la série Monuments to Communists magnifient une sélection de monuments commandés sous Tito dans l’ancienne République yougoslave entre 1960 et 1980. Si les photographies jonglent avec le vocabulaire du documentaire, l’artiste manipule subtilement ses images, à l’instar des monuments eux-mêmes dont la valeur symbolique a été socialement et politiquement construite. Cherchant à la fois à héroïser les citoyens et à séduire l’Ouest en exaltant ses accomplissements politiques et culturels à travers un vocabulaire moderniste, les différents monuments ont été réalisés par les artistes les plus avant-gardistes des Balkans. Ces compositions, d’une modernité qui ne trouve pas d’équivalent ailleurs parce qu’isolée des référents occidentaux, commémorent les batailles et les coûts ultimes engendrés par la venue du socialisme. Symboles d’une lutte sociale et politique, ces monuments sont investis d’une double fonction : destinés à dynamiser la foi et l’intérêt des Yougoslaves envers un socialisme vacillant après 25 ans, ils expriment aussi un désir de s’affirmer dans le reste du monde, de rapprocher le pays du monde occidental et d’en encourager le tourisme. Cette dualité est au cœur de la pratique de Gubash alors qu’il s’intéresse autant aux qualités esthétiques, innovantes et monumentales de ces constructions qu’à leur étonnante absence de fonction ou de valeur symbolique actuelle. Jadis idéalisées et maintenant abandonnées, ces imposantes structures deviennent ouvertes à tous les possibles, appelées au gré des volontés à être porteuses d’une symbolique réimaginée.
Voilà précisément ce qui transparait dans le projet Lamps, présenté pour la première fois dans le cadre de cette exposition. Inspirées d’un design moderne largement popularisé, mais fabriquées à partir de matériaux trouvés, ces « sculptures de lumières » se déploient telle une constellation à l’intérieur de la galerie, plus ou moins suspendues au niveau du regard de façon à permettre au visiteur de circuler entre elles. Tout comme les photographies de Monuments to Communists, ces répliques maison d’objets convoités font écho aux désirs assumés et ancrés en chacun de nous d’atteindre une certaine forme d’idéal. Fortement inspiré du langage du design contemporain et moderne, Gubash ébauche les esquisses de chacune des lampes/sculptures qu’il envoit ensuite à sa tante en Serbie. Cette dernière embauche ensuite un chauffeur de taxi local afin de l’aider à rassembler les différents éléments (matériaux domestiques très communs, souvent fabriqués en Extrême-Orient) qui seront utilisés pour construire les lampes dans un marché aux puces voisin. Mimant à échelle humaine les pratiques de productions contemporaines jusqu’à la fin, la mère de l’artiste transporte les différents objets investis d’une toute nouvelle fonction dans son bagage afin de permettre à l’artiste de réaliser l’assemblage final à Montréal. Objets uniques impossibles à répliquer, les sculptures autant que les photographies de Milutin Gubash imaginent une façon de transcender la banalité d’un quotidien parfois décevant en rêvant à un monde meilleur et juste, incarné dans une vision idéalisée du monde occidental.
Né en 1969 à Novi Sad en Serbie, Milutin Gubash vit et travaille actuellement à Montréal. Il détient une maîtrise en photographie de l’Université Concordia de même que deux baccalauréats de l’Université de Calgary, le premier en photographie et le second en philosophie. Son travail fait l’objet d’expositions au Canada, aux États-Unis et en Europe depuis 2000, notamment dans le cadre de la Manifestation internationale d’art de Québec (2005 et 2010) et au Musée d’art contemporain de Montréal (2007). On a pu voir ses vidéos dans des festivals, dont les Rencontres Internationales Paris/Berlin/Madrid (2009). Il a récemment complété une importante série d’expositions uniques portant sur ses derniers dix ans de pratique qui a été présentée dans six musées et centres d’expositions canadiens : Rodman Hall Art Centre (St. Catharines, Ontario), Carleton University Art Gallery (Ottawa, Ontario), Kitchener-Waterloo Art Gallery (Kitchener, Ontario), Southern Alberta Art Gallery (Lethbridge, Alberta), Musée d’art de Joliette (Québec) et à la Fonderie Darling (Montréal, Québec). Cette série d’expositions solo s’est soldée avec la publication d’une ambitieuse monographie en 2013. Le Musée des beaux-arts du Canada a récemment acquis plusieurs œuvres de la série Monuments to Communists qui seront présentées en 2016.