Suis-moi, je te fuis / Fuis-moi, je te suis
16 juin - 25 août 2018




Suis-moi, je te fuis / fuis-moi, je te suis, est une présentation collective dans le cadre des expositions satellites de la 4e Biennale internationale d’art numérique – BIAN. Nous sommes très fiers de nous y associer et avons confié le commissariat de l’exposition à Benoit Palop, jeune commissaire indépendant et disciple de l’Internet depuis les années 1990s. Il a réuni six artistes dans cette exposition, soit LaTurbo Avedon, Grégory Chatonsky, Émilie Gervais, Milutin Gubash, Lorna Mills et Sabrina Ratté, tous des artistes dont les travaux questionnent notre rapport au monde dans un univers désormais qualifié de « post-digital ».
Expression populaire utilisée pour définir une approche relationnelle particulière, le terme Suis-moi, je te fuis / fuis-moi, je te suis, fait référence à une technique de séduction par manipulation psychologique aussi efficace que cruelle. Tout en s’inspirant de ce jeu ambigu entre deux individus, cette exposition s’intéresse à la relation amour/haine que nous entretenons avec nos écrans et les nouvelles technologies, et plus précisément à son impact sur nos comportements, nos façons de consommer, d’interagir, de penser, de créer et d’appréhender l’espace, la nature et les architectures.
En 1964, Marshall McLuhan définissait déjà les nouveaux médias et les technologies comme étant des vecteurs d’altération. Pour lui, « les effets d’un médium sur l’individu ou sur la société dépendent du changement d’échelle que produit chaque nouvelle technologie ». Un demi-siècle plus tard, cette tendance s’est amplifiée. Tandis que les technologies évoluent vitesse grand V, que les systèmes d’exploitation IOS sont mis à jour régulièrement et que les réseaux sociaux et applications mobiles proposent toujours plus de nouvelles fonctionnalités, le positionnement du corps humain dans l’espace est remis en question de manière toujours plus radicale.
Cette sélection d’images en mouvement (GIFs, selfies, peintures numériques et vidéos) est composée de différentes approches esthétiques, processus créatifs et narratifs, et témoigne de cet impact sur notre perception du tangible, notamment quand il s’agit de s’inspirer d’une réalité pour en représenter une autre.
LATURBO AVEDON
LaTurbo Avedon est l’avatar d’une artiste née dans l’espace virtuel. Son travail met de l’avant la pratique de l’identité à l’heure numérique, du détachement de la réalité physique et des liens avec l’incarnation et la propriété intellectuelle. Ses travaux peuvent être décrits comme des recherches en dimensions, déconstructions et implosions formelles. Ils explorent la thématique de la signature et de la tangibilité de l’art à l’heure du numérique.
Ses œuvres sont fréquemment distribuées en ligne et ont été exposées internationalement, notamment aux Somerset House Studios, au Festival transmediale (Berlin), NRW Forum (Düsseldorf), au Museum Angewandte Kunst (Frankfurt), à la Transfer Gallery (NYC), la Jean Albano Gallery (Chicago) et aux Galeries Lafayette (Paris). LaTurbo est actuellement artiste en résidence aux Somerset House Studios.
GRÉGORY CHATONSKY
Les technologies, et en particulier Internet, constituent pour l’artiste une source importante de réflexion. Mettre en forme les paradoxes du réseau et les décalages entre ses dimensions technologiques et existentielles pourrait résumer une recherche qui se déploie sur plusieurs médiums : installation, vidéo, photographie, écriture, dessin et sculpture.
Ses œuvres évoquent des espaces infinis dans lesquels règne la fragmentation de l’attention. Le réseau devient un monde à part entière où les frontières entre la technique et l’être humain deviennent floues. Sa pratique tente de dessiner les contours d’un nouvel imaginaire dont l’invention serait technique.
Grégory Chatonsky a participé à de nombreuses expositions personnelles et collectives en France, au Canada et à l’étranger dont Imprimer le monde en 2017, au Centre Pompidou, Capture : Submersion en 2016, à Arts Santa Mònica Barcelone, Walkers: Hollywood afterlives in art en 2015, Museum of the Moving Image de New York, Telofossils en 2013, au Musée d’art contemporain de Taipei, Erreur d’impression en 2012, au Jeu de Paume. Il a fondé en 1994 Incident.net, l’un des premiers collectifs de netart. Il a été enseignant au Fresnoy (2004-2005), à l’UQAM (2007-2014) et est artiste-chercheur à l’École Normale Supérieure de Paris.
ÉMILIE GERVAIS
Émilie Gervais a commencé à travailler avec les ordinateurs dès son plus jeune âge en déclarant que pour elle, c’était comme jouer au hockey. En tant qu’étudiante, Gervais a commencé à s’intéresser à la scène des nouveaux médias sur Internet, notamment en utilisant Facebook comme outil, en explorant le site de partage d’images en temps réel, Dump.fm, le site d’art participatif, le site Web Computers Club et est devenue une utilisatrice de Computer’s Club Drawing Society.
La nature intransigeante du travail de Gervais véhicule un message fort. Les artistes féministes ont trouvé un lieu unique pour la libre expression sur Internet et Gervais est à la pointe de ce mouvement. Elle inverse et déforme le langage et l’esthétique de l’Internet primitif pour créer un art qui a finalement un sens. Travaillant avec des représentations sexuées et des relations de pouvoir, Gervais applique une esthétique Internet des années 1990 à travers des œuvres comme Blinking Girls (avec Sarah Weis, 2012), backdoortrojangirl.net (2012), et la collection HTML d’œuvres socio-financées de w-h-a-t-h-e-v-e-r.net, où les contributeurs téléchargent leur propre travail sous le dictat de « l’art de garçon » ou « l’art de fille ».
MILUTIN GUBASH
Impossible à centrer autour d’un seul médium, la pratique multidisciplinaire de Milutin Gubash s’amuse à jongler avec les codes narratifs, autant en vidéo, en sculpture, en photographie qu’en performance.
L’artiste aborde avec humour et intelligence les questions d’authenticité et de perception de l’identité culturelle, politique et sociale, tant avec ses immenses photographies noir et blanc de monuments communistes, ses « lampes-sculptures » créées en collaboration avec des membres de sa famille toujours en Serbie qu’à travers les épisodes de Born Rich Getting Poorer, sitcom / soap-opera / téléréalité qui préfigure de quelques années l’obsession du selfie et des constructions autobiographiques continuellement mises à jour.
Le travail de Milutin Gubash fait l’objet d’expositions solo au Canada, aux États-Unis et en Europe depuis 2000, notamment au Musée d’art contemporain de Montréal, à la Art Gallery of Alberta et au Muzej Vojvodina (Serbie). Ses œuvres vidéo ont été notamment présentées en France, en Allemagne, en Espagne, en Angleterre et au Mexique. Il a récemment complété une importante série d’expositions uniques portant sur ses dix dernières années de pratique qui a été présentée dans six institutions canadiennes, qui s’est soldée avec la publication d’une ambitieuse monographie.
LORNA MILLS
Lorna Mills est une artiste canadienne de Net.art et des nouveaux médias, reconnue pour ses animations numériques, vidéos et GIFs. Mills a également travaillé sur d’autres supports notamment avec ses installations. Son travail explore comment « la notion de la décence publique est anachronique ». Son utilisation des GIFs est recueillie à travers le filet sombre qui comprend 4chan, pornfails, et les domaines russes. Elle vit et travaille actuellement à Toronto, Canada.
SABRINA RATTÉ
Sabrina Ratté est une artiste vidéo basée à Montréal. Elle a complété une Maîtrise en Beaux-arts dans le programme de Production Cinématographique à l’Université Concordia. Son travail vidéo, qui a été présenté internationalement dans des galeries et festivals, est marqué par l’utilisation d’outils et de technologies variés telles que le synthétiseur vidéo, les feedback vidéo et l’animation 3D. Sa pratique est également inspirée par la relation entre musique électronique et art vidéo, ce qui l’emmène à collaborer sur des bases régulières avec des musiciens, dont le compositeur Roger Tellier-Craig. Ensemble, ils forment également un duo audio-visuel, Le Révélateur.
Sabrina Ratté est représentée par ELLEPHANT à Montréal.
Site web